Les élus de la commune ont vu très vite l’intérêt de l’arrivée du train pour les affaires. Une gare, d’accord, mais à 3 km du bourg et dans des landes à moutons marécageuses. La Compagnie du Midi est en charge de ce chantier pharaonique. En 1854, l’impératrice Eugénie prend le train de Bayonne à Bordeaux pour inaugurer la pose réussie du rail en un temps record. La construction de la gare de Morcenx va bon train en 1856 grâce au montage de préfabriqués, de modules juxtaposés. La gare de Morcenx compte neuf modules quand celle de Labouheyre en a quatre et celle de Rion, deux.
Le 18 août 1859, leurs Majestés Impériales inaugurent en grandes pompes et à Tarbes, la ligne Morcenx-Tarbes par Mont-de-Marsan. La gare de Morcenx est devenue tête de ligne pour le piémont pyrénéen, ses stations thermales et le pèlerinage de Lourdes. Pour un meilleur accueil, elle s’enrichit d’un buffet réputé, le plus important d’Europe, et d’une marquise qui protège un nombre toujours croissant de voyageurs. Parmi ceux-ci, il faut compter les militaires en caserne à Mont-de-Marsan et les pèlerinages collectifs qui gagnèrent l’ensemble des diocèses français et étrangers. En 1913, environ 60.000 pèlerins sont passés par Morcenx pour se rendre à Lourdes, premier pôle ferroviaire mondial du catholicisme, en concurrence avec Rome.
À partir de 1882, la gare de Morcenx devient le point central du réseau des petits trains d’intérêt local, les maches-culs, qui drainent à travers le département voyageurs et marchandises, productions agricoles, bois et barils de résine. Aux neuf voies déjà existantes s’ajoutent 14 voies de triage qui permettent d’envoyer les trains formés vers les 52 gares rattachées à sa zone d’action. Au plus fort de son activité, un millier de wagons/jour tombent à la butte de triage.
Avec les années d’après-guerre, vient le temps de la vitesse. La gare de Morcenx en est le théâtre, étant située au bout du plus long alignement de France : 66 km de ligne droite depuis Lamothe. La SNCF relève le défi avec des motrices électriques, les BB 9000 et les CC 7000. Elles pulvérisent le record du monde en dépassant les 330 km/h, record battu de 50 km/h seulement en 1981 par le TGV 016.
La gare est plus que centenaire. Elle a perdu sa marquise et connu plusieurs restaurations nécessaires. La dernière date de 2013, ainsi que rappelé sur le panneau mis en façade. Elle reste une gare de connexion essentielle pour les Landes, tout en participant au trafic régional, national et transfrontalier avec son point-service CapTrain.
